
VINCENT THIBAULT
Manifeste pour un optimisme éclairé
Chapitre VII
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- VII -
Nous disions qu’un des obstacles à l’optimisme éclairé est la confusion entre optimisme et crédulité, et l’idée que le pessimisme serait plus aligné avec la réalité. Une autre cloison, nous l’avons vu, est notre addiction aux mauvaises nouvelles, ou la tendance que nous avons à leur accorder tout notre espace mental. Penchons-nous maintenant sur un troisième élément qui freine notre épanouissement : le mythe de l’égocentrisme inné. Certaines traditions religieuses imputent aux êtres humains une faute fondamentale : nous serions d’emblée tous coupables et impurs. D’autres philosophies, dont les tenants ont cultivé de tristes habitudes de perception, prétendent qu’il n’y aurait pas d’actes véritablement altruistes. C’est avoir peu voyagé – ou avoir voyagé, mais avec des œillères, de ces voyages dédaigneux qui, très bizarrement, renforcent notre obsession de soi plutôt que de nous aider à la dissoudre. D’aucuns prétendent même qu’un « gène égoïste » serait un facteur clé de notre survie. Contentons-nous de les renvoyer aux travaux de Matthieu Ricard, qui a écrit de très nombreuses pages inspirantes – et rigoureuses sur le plan scientifique – pour déboulonner ces mythes ; il y célèbre notamment nos capacités innées à la bienveillance, et démontre les vertus de la coopération, présentes tout au long de l’histoire des espèces.
Même (surtout ?) en période de profond mal-être, on ne peut nier notre désir d’éviter la souffrance. On a beau tout voir en noir, ne pas entrevoir de solution à court terme, s’estimer au bout du rouleau et être atteint d’un défaitisme bien ancré : à regarder au fond de soi, on trouve un désir de connexion. On peut être asocial et écœuré ; on peut avoir envie d’être seul ; mais on finit par éprouver un désir de connexion à quelque chose si ce n’est à quelqu’un : un besoin d’entrer en amitié avec soi-même, ou de rallier une situation moins douloureuse. C’est donc qu’une part de nous espère. Le bouddhisme nous montre comment nous affranchir de tout dualisme, y compris celui de l’espoir et de la crainte, en parvenant à un éveil qui ne dépend pas de conditions conceptuelles ; et ultimement, le désir de connexion dont nous parlons relève d’une peur fondamentale qui n’a pas lieu d’être ; mais pour l’heure, cet espoir est légitime et humain – et ce souhait peut être entendu, à condition d’être formulé. En tout cas, il y a au fond de nous comme une espérance, qui nous fait pressentir que le défaitisme est contre nature. Heureusement, ce défaitisme est une maladie dont on peut guérir.
Être un optimiste éclairé, c’est vivre en adéquation avec nos valeurs profondes et avec notre aspiration au bonheur. C’est une affaire de cohérence. C’est choisir de voir le potentiel de chacun, tout en reconnaissant la possibilité d’un écart considérable entre potentiel et actuel. C’est admettre qu’il y a des usurpateurs, des malappris, des violents, des déments, et pourtant c’est presque un calcul mathématique : plutôt que de vivre constamment dans la méfiance, on préfère errer du côté de la confiance, en laissant à autrui la possibilité de montrer le meilleur de lui-même. C’est aussi accepter de se faire berner à l’occasion, car tout bien pesé, on saisit quand même plus d’occasions qu’on en échappe, et on génère davantage d’énergie qu’on en perd. De toute façon, ceux qui prétendent n’être jamais dupés se mentent à eux-mêmes.
Cela ne veut pas dire qu’on tolère l’exploitation, qu’on accepte l’inacceptable, ou qu’on éteigne notre précieux détecteur de charlatanisme. Il faut parfois dire « non », être ferme et peut-être même recourir à la force. Il faut savoir évaluer la pertinence des différents outils à notre disposition, les garder en une juste perspective – en continuant de faire preuve d’altruisme, de compréhension et d’impartialité –, et ne pas craindre d’utiliser ces outils quand la situation l’exige : le couteau du cuisinier doit être aiguisé, et a fortiori le scalpel du chirurgien. Celui qui a une peur obsessive des lames se trouverait bien embêté – et maladroit, et inefficace – dans ces situations. Mais le vrai optimisme, contrairement à l’idée reçue, ne prône pas du tout un leadership mou.
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