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Manifeste pour un optimisme éclairé
Pistes de réflexion pour unir la voix de l’espoir à celle du discernement
 
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Ce qui suit est la version gratuite du Manifeste pour un optimisme éclairé. Il existe aussi une version payante (à petit prix) imprimée sur du beau papier, et qui comporte des éléments graphiques enrichissant l’expérience de lecture. C’est un beau livre-objet, à offrir et à méditer, publié aux éditions Carrefours azur. L’acheter est une façon d’épauler le travail des artisans (l’écrivain, l’imprimeur…) et d’encourager une entreprise locale, mais aussi de contribuer à une aventure humaine, puisque pour chaque livre commandé directement sur le site de la maison d’édition, cette dernière s’engage à reverser un petit montant à un organisme social ou à une initiative environnementale. (Dans les dernières années, ce fut généralement l’organisme One Tree Planted.) Pour les détails et des photos du livre conçu avec soin, cliquez ici.

Manifeste pour un optimisme éclairé

 

​Après avoir entendu de tristes opinions sur « l’état du monde », et en comparant le cynisme des uns à la force joyeuse des autres, j’ai pris sur moi d’écrire ce petit exposé philosophique. Quoique l’approche soit principalement bouddhiste – le peu de clarté dont je dispose me vient pour l’essentiel d’inspirants maîtres tibétains auprès de qui j’ai pu m’abreuver –, elle est toujours, je crois, franchement humaine et propre à inspirer des gens de tous les horizons.

 

​- I -

Dans un monde en mal de repères, l’optimisme est souvent associé à la naïveté, à la crédulité, à l’idéalisme, à l’utopisme, à la foi aveugle. À l’inverse, le pessimisme, même s’il mine notre joie de vivre, est souvent perçu comme étant plus en accord avec la réalité.

 

Or, pour mener une vie riche de sens, et pour contribuer à une société plus éclairée, il est primordial de pourfendre ce mythe de la soi-disant adéquation entre « pessimisme » et « rigueur ». Ce n’est pas qu’un exercice intellectuel : le défaitisme entretient l’inaction et l’indifférence, luxe qu’on ne peut plus se permettre.

Et donc, pour mieux distinguer ce qu’il faut cultiver de ce qu’il faut déraciner au plus vite, quelques définitions s’imposent.

Commençons tout d’abord par démêler optimisme et naïveté.

 

Déjà, naïveté a plusieurs sens : ce peut être un « caractère naturel, simple et vrai », ou une « simplicité, [une] grâce naturelle empreinte de confiance et de sincérité », dixit Le Robert. Quiconque voit la « naïveté » sous cet angle se demanderait avec raison pourquoi on voudrait faire la vie dure à une si belle qualité.

Pour la plupart, nous passons nos journées obnubilés par des pensées, des stratégies, des concepts de toutes sortes, si bien que nous ne sommes jamais tout à fait nus ; mais certains ont la chance d’aborder le monde qui les entoure avec plus de fraîcheur, moins de préconceptions. Cette forme de naïveté ne nous pose pas problème non plus.

Celle avec laquelle nous voulons éviter l’amalgame, c’est l’excès de confiance : une sorte de crédulité niaise et badine, une bulle rose dans laquelle on se complairait sans jamais réfléchir.

L’optimisme éclairé que nous proposons relève au contraire d’une observation attentive, d’une rigoureuse réflexion sur la nature du monde et des êtres qui l’habitent.

 

Nier la violence et les difficultés, faire abstraction des urgences, prétendre que tout va toujours bien, c’est ce qui s’appelle faire l’autruche (encore que même les autruches, contrairement à l’idée reçue, ne s’enfoncent pas systématiquement la tête dans le sable quand elles ont peur). Il nous arrive à tous d’avoir envie de nous réfugier sous les couvertures, et cela est humain, mais ça ne peut faire qu’un temps.

L’optimisme, pour être vraiment lucide, doit s’accompagner d’une acceptation de certains faits : nous sommes mortels ; nous serons tous, à un moment ou un autre, confrontés à la maladie et à la séparation ; notre belle planète, nos écosystèmes et nos sociétés humaines font face à des défis d’envergure qui ne se régleront pas d’eux-mêmes, et qui risquent de s’aggraver à une vitesse effarante si nous nous languissons dans l’insouciance ou nous entêtons dans une vision obtuse.

La mort est non seulement inévitable, mais son moment et ses circonstances nous sont aussi inconnus, peu importe ce qu’on espère au fond de soi. Sans doute avons-nous là un deuil à faire. Viendra le jour où notre corps se décomposera : nul besoin de remonter très haut dans notre arbre généalogique pour nous en convaincre. Mais si l’on reconnaît que la vie ne se limite pas à notre petit ego, et qu’il y a, par-delà nos idées préconçues et nos mécanismes de défense, tout un univers qui palpite, l’acceptation peut s’accompagner d’une grande joie. Surtout, de la réflexion sur le caractère transitoire des choses naît rapidement cette grande question : comment mettre à profit le temps dont je dispose ? Autrement dit : comment mener une vie riche de sens ?

La réponse vraiment naïve serait de retomber dans le pessimisme et d’affirmer que nos efforts ne servent à rien ; c’est une déclaration hâtive, une croyance aveugle qui résulte d’un manque de réflexion sur la nature des phénomènes, et surtout d’une méconnaissance de leur interdépendance et de leur constante évolution.

Tout est interrelié. Le Bouddha a enseigné que les effets se produisent lorsque les causes et les conditions sont réunies. Parfois, la cause principale est présente, mais il manque une condition ; parfois, la graine est semée dans un terreau bien humide, mais il lui manque le soleil ; dans ces cas-là, il faut persévérer et prendre, au besoin, du recul ; observer, consulter, comprendre, agir. Quand la cause et les circonstances propices sont rassemblées, l’effet, inévitablement, se produit. Et si d’aventure il est impossible de réunir les conditions favorables, il nous est toujours possible de vivre autrement la déception, en changeant notre posture mentale.

Tout est interdépendant, disions-nous. Et tout effet résulte de la combinaison dynamique de causes et de conditions. Or, tout phénomène composé est transitoire. On s’acharnerait à prétendre le contraire que cela n’y changerait rien : si l’univers tout entier est marqué par le sceau de l’impermanence, il en est bien ainsi du caractère d’une personne, de la croissance économique, de la conception que l’on se fait d’une identité nationale. Tout est sujet à changement, notamment parce que tout phénomène est l’effet d’une série de causes et conditions elles-mêmes transitoires : quand l’une des conditions sine qua non vient à changer, l’effet change ou se dissout. Quand on sectionne le fil d’alimentation, le courant ne passe plus.

​Certes, il arrive que le changement ne soit guère satisfaisant, comme quand un régime dictatorial s’effondre pour laisser place à un autre régime aussi vil, voire pire. Parfois, les causes profondes ne sont pas identifiées, ou pas extirpées tout à fait ; parfois aussi, une série de causes se ressemblent et produisent des effets qui s’apparentent. Mais la durée et la répétition ne nient pas la possibilité du changement. (Stricto sensu, elles le confirment : le concept de « durée » a, par définition, un début et donc une fin ; idem pour la répétition, qui est recommencement et qui suppose donc une suite de commencements, et donc de changements. Mais cela ne s’impose pas toujours comme une évidence quand nos yeux sont fatigués ou notre cœur chagriné.)

Affirmer qu’on ne peut d’aucune façon améliorer notre sort, comme si notre destin avait tout entier été fixé à notre naissance, ou comme si tout ne se résumait qu’à un fatalisme génétique, c’est non seulement faire abstraction d’une foule d’histoires inspirantes, mais c’est encore mal comprendre les principes de causalité. C’est ne pas saisir le sens du karma. C’est aussi avoir une vision étrangement limitée du temps : le présent est l’effet du passé, certes, mais que font les fatalistes de l’effet du présent ?

Nos actes, nos paroles, nos pensées comptent. Même quand l’effet est intangible ou qu’il se fait attendre.​​

 

- II -

Il existe d’innombrables catégories de phénomènes, mais penchons-nous sur deux grands aspects de notre expérience : d’une part, le monde dans lequel nous vivons, et d’autre part, notre propre personne. Notre tendance à séparer les deux est une illusion, mais tenons-nous-en pour l’instant à ces distinctions. Nous avons de la difficulté à envisager l’avenir de la planète avec espoir, et nous peinons parfois à croire que nous pouvons changer sur le plan personnel.

À l’échelle de l’individu, c’est l’esprit qui fait l’expérience du monde. Il s’agit d’une notion fondamentale. En effet, notre vie est essentiellement subjective : on sait bien qu’un esprit ouvert, positif et chaleureux vit plus sereinement les tracas du quotidien qu’un esprit borné, négatif et renfrogné. Le premier peut trouver des solutions créatives aux problèmes, même compliqués ; le second se tarit vite.

Or, l’esprit s’entraîne. Notre expérience du monde semble façonnée par les événements que nous vivons, mais que nous en soyons ou non conscients, elle l’est plus encore par notre réaction à ces événements – c’est-à-dire tous les événements, des occurrences les plus banales aux enjeux les plus sérieux. La vie est apprentissage. À nous de choisir si nous préférons mettre en lumière et orienter ce processus continuel, ou le subir dans l’obscurité en attendant notre chance.

On peut affirmer sans trop se tromper qu’un des facteurs les plus déterminants de la qualité de notre vie réside dans l’identification des principales causes de notre bonheur. Si nous croyons que notre bonheur dépend pour une large part de notre esprit et que nous sommes en mesure d’y exercer une influence, alors nous pouvons mener une vie heureuse. Pensons, par exemple, aux innombrables personnes qui ont survécu à l’horreur et qui pourtant demeurent lumineuses. Si nous croyons que l’essentiel de notre bonheur dépend de conditions extérieures sur lesquelles nous n’avons aucune emprise, nous serons, au mieux, balayés entre les plaisirs fugaces et les affres de la peur et du mal-être.

L’optimiste lucide ne conteste pas que certaines causes extérieures puissent contribuer à notre bonheur ; il s’agit seulement de ne pas y placer tous nos espoirs ; il s’agit aussi de faire preuve de gratitude et d’humilité quand on profite de circonstances favorables, sachant qu’elles ne sont pas garanties. Un abri, de la nourriture, des liens sociaux, une sécurité relative : personne ne niera que ces éléments sont fondamentaux pour mener une vie décente. L’idée n’est donc pas de réfuter l’utilité d’une maison, par exemple, mais d’abandonner l’illusion qu’une habitation trois fois plus grande nous rendra trois fois plus heureux. L’optimiste serein fait des efforts pour améliorer sa qualité de vie et celle de ses proches, mais il se méfie de l’avidité et résiste à la tentation de boire de l’eau salée pour étancher sa soif. Il n’étouffe pas sa curiosité naturelle pour les choses extérieures, mais, conscient de la valeur du temps et de la souffrance qui afflige le monde, il prend soin d’orienter cette curiosité vers des objets qui méritent vraiment son attention : il s’intéresse à la Terre dans son ensemble, à la vie, à la communauté, et quoi qu’il advienne, il ne cautionnera jamais un modèle de croissance économique mesquin qui creuse les inégalités et saccage l’environnement.

 

- III -

L’optimiste perspicace gagne à se rappeler la toute première phrase du Manuel d’Épictète : « Partage des choses : ce qui est à notre portée, ce qui est hors de notre portée. » Nombre de défaitistes prétendent suivre cette maxime, mais semblent en vérité souffrir d’une sorte de distorsion cognitive selon laquelle étonnamment peu de choses seraient à leur portée. Certes, le stoïcien nous invite à distinguer, d’une part, les événements, et d’autre part, notre réaction aux événements, mais il faut aussi comprendre que, relativement parlant, nous avons chacun une influence au-delà du domaine de notre propre esprit. Nous pouvons contribuer à réduire les injustices raciales ou l’empreinte carbone de l’espèce humaine, exactement de la même façon qu’un maçon et un menuisier peuvent concourir à la construction d’un édifice. Le cercle de notre influence est parfois limité, et cela peut être frustrant, mais tout architecte scrupuleux sait que chaque pièce, chaque poutre, chaque brique contribue à l’ensemble. Notre métaphore de chantier a certes une faille, c’est qu’actuellement les humains ne s’entendent pas sur un plan directeur ; mais cela ne réduit pas à néant la valeur des petits gestes.

Revenons à l’esprit. Nous avons tous déjà connu des jours où notre esprit est comme un lac paisible au matin, mais se déchaîne comme une tempête le soir (ou inversement) ; nous savons bien que notre intériorité n’est pas un gros bloc immuable. Mais allons plus loin. L’esprit a-t-il une couleur ? Une odeur ? Une forme ? Difficile de lui attribuer des caractéristiques tangibles. Les échanges entre neurosciences et traditions contemplatives sont féconds, mais pour nous qui ne savons pas grand-chose de l’esprit, ou de ce que nous appelons communément « esprit », nous pouvons à tout le moins lui reconnaître un trait : il suit des habitudes. Une bonne part de nos joies et de nos souffrances sont attribuables à nos habitudes de perception. Or – merveille ! – il a été démontré d’innombrables fois que les habitudes peuvent s’apprendre et se désapprendre.

 

La psychologie positive (à ne pas confondre avec la « pensée positive ») est un champ d’études fascinant selon lequel il ne suffit pas d’enrayer les émotions perturbatrices pour avoir une vie épanouie : il faut aussi développer des émotions positives. Martin Seligman et d’autres pionniers de cette branche de la psychologie ont beaucoup fait pour nous aider à comprendre l’optimisme éclairé. La bienveillance, l’empathie, l’altruisme, la concentration, la résilience, la gratitude s’apprennent. L’optimisme se cultive. Et ce qui s’apprend se transmet.

Des chercheurs se sont également penchés sur la neuroplasticité, c’est-à-dire l’aptitude des neurones à réagencer leurs connexions pour s’adapter à des modifications dans leur environnement. Même s’il faut se méfier de la tendance à matérialiser la spiritualité – tendance qui cache souvent un nihilisme insidieux –, les travaux de ces scientifiques sont propres à convaincre les sceptiques. Toutefois, les contemplatifs, les philosophes, les artistes, et toute personne dotée d’un bon cœur et d’une saine curiosité, peuvent parvenir grosso modo aux mêmes conclusions essentielles sans lourdes analyses quantitatives. On peut entraîner l’esprit.​

 

 

- IV -

Le Bouddha historique offrait un excellent exemple d’optimisme éclairé. Il savait que tout un chacun peut s’éveiller à sa nature véritable. Il a aidé des bandits qu’on croyait voués aux enfers à s’affranchir des chaînes de l’ego. Il parlait aux gens de son pays – familles royales, indigents, ouvriers, artistes, fonctionnaires, délinquants – avec une bienveillance inébranlable, comme s’il voyait en chacun d’eux un futur bouddha. Pourtant, le jour où une amie endeuillée l’a prié d’atténuer la souffrance qu’elle vivait comme elle venait de perdre son unique enfant, il lui a conseillé d’aller frapper aux portes du village et de demander aux familles si elles avaient elles aussi vécu la douleur de la séparation. Quand la femme comprit que chaque ménage avait déjà connu le deuil, son sentiment d’injustice s’est quelque peu apaisé, et elle s’est sentie moins seule ; le Bouddha l’a ensuite consolée. Il savait mieux que quiconque comment cultiver la joie, mais il savait aussi que pour trouver un bonheur authentique, il faut d’abord se réconcilier avec certaines vérités.

La gratitude a fait beaucoup parler d’elle dans les dernières années, mais il ne faut pas la ramener à une idée de « psycho pop », de spiritualité prémâchée, ou de « croissance personnelle » qui cache un gonflement de l’ego. Il faut prendre garde au matérialisme spirituel, selon lequel il serait préférable pour notre santé et notre rendement d’incarner telle ou telle qualité, de gagner un peu plus de ceci et de perdre 10 % de cela ; il faut cesser de gérer notre corps comme un compte en banque (pour paraphraser le philosophe Fabrice Midal), et de vouloir optimiser notre esprit comme une vulgaire machine. Il n’en reste pas moins que la gratitude est une émotion puissante, revigorante, une vraie force de guérison. Sans doute y a-t-il une corrélation entre pessimisme et incapacité à ressentir de la gratitude ? Cette dernière ouvre le cœur et y double notre joie ; parfois, elle parvient même à faire tomber nos œillères et à transformer notre perspective, et donc notre expérience. De là, l’action judicieuse et bienveillante peut se manifester.

Comme toute qualité de l’esprit, la gratitude se cultive. Un peu, chaque jour. Ou alors par grands coups : plus le cynisme ambiant en impose, plus il faut d’ardeur pour le désamorcer. Mais comme toute aptitude, plus on y met d’effort, plus cela devient facile à la longue : comme un danseur gracieux et bien entraîné qui exécute un mouvement le plus naturellement du monde, on peut en venir à voir la beauté là où elle fût longtemps oubliée, et à ressentir spontanément la reconnaissance et la joie. Quand cette joie est authentique et bien vécue, elle devient source d’inspiration pour autrui.

Bien sûr, il faut savoir choisir le moment pour exprimer les effusions de joie : n’oublions pas notre discussion d’ouverture sur la naïveté. Or, même lorsque le moment s’y prête, la joie dérange parfois. Tant pis. Vraiment : c’est triste. Pascal reprochait à Montaigne – pourtant l’un des plus grands esprits de l’histoire de la pensée occidentale – sa nonchalance, sa sagesse familière, enjouée, plaisante. Mais même à supposer qu’il nous faille errer, ne préférions-nous pas le faire du côté de l’enthousiasme et de la fraternité ?

 

- V -

Pourtant, une saine dose de cynisme peut avoir son utilité. L’extraordinaire Chögyam Trungpa voyait qu’un brin d’humour est essentiel, et que le cynisme peut être un outil pour reconnaître et évincer le matérialisme spirituel, la tendance à cristalliser nos expériences intimes, à tout ramener à notre conception du « soi » et à s’éprendre de belles rêveries. Mais il ajoutait qu’il faut aussi de la chaleur pour surmonter les obstacles posés par le cynisme, à commencer par le scepticisme déplacé et contreproductif. C’est du moins la lecture que j’en fais : le prosaïsme doit toujours aller de pair avec la tendresse, sans quoi notre cœur flétrit, et avant longtemps notre bon sens déraille.

L’espoir peut être dangereux s’il est synonyme d’attentes, lesquelles sont souvent déçues ; il affecte indéniablement notre paix intérieure et possiblement notre santé mentale s’il se fixe à des objets d’attachement obsédant et illusoire ; et donc, quand on propose d’unir la voix de l’espoir à celle du discernement, il est plus question d’enthousiasme que d’une quelconque sorte d’angoisse inversée.

Dans tous les cas, arrêtons de penser que le plaignard est plus réaliste que le romantique : l’excès de cynisme n’est pas plus conforme à la nature de la réalité que l’excès de crédulité. Contemplons à cet égard cette magnifique citation attribuée au grand mathématicien français Henri Poincaré : « Douter de tout ou tout croire, telles sont les deux solutions également commodes, qui l’une et l’autre nous dispensent de réfléchir. »​

 

- VI -

Imaginez que vous êtes la mairesse d’un village. Une toute petite collectivité où il fait bon vivre, entourée de paysages égayants. Au fil des mois, on vient régulièrement toquer à la porte de votre bureau pour vous faire part de problèmes divers : un garçon s’est fait voler son vélo ; des chevreuils ont grignoté les laitues du jardin communautaire ; il y a eu une altercation à la sortie d’une taverne ; une aînée vénérable est malade ; le toit de l’école a besoin d’être rénové ; une bande de chats a pris l’habitude de faire ses besoins dans un puits et l’eau des environs risque d’être contaminée. Certains problèmes sont plus graves que d’autres ; certains n’ont pas de solution évidente. Il vient un moment où vous êtes surmenée, et quelques conseillers rabat-joie déteignent sur vous ; vous vous dites, « mais il n’y a que des problèmes dans ce patelin ! »

C’est alors qu’un aîné du village vous prend par la main et vous invite à prendre un bol d’air frais. Il vous montre les grands arbres matures qui ont résisté aux intempéries de l’hiver dernier ; il vous parle de la qualité de l’air, vous rappelle le sourire des enfants, le talent des artisans ; il y a somme toute beaucoup moins de violence qu’au siècle précédent, et le village, ne l’oublions pas, gagne presque chaque année un fameux concours de pâtisseries. Une heure plus tôt, vous n’y voyiez plus clair, terrassée par les dossiers qui s’accumulaient sur votre bureau. Maintenant, vous les remettez en perspective, et vous retournez au boulot, inspirée.

Sans cet entrain, sans cette énergie, il est difficile de régler les problèmes qui doivent l’être.

Les journaux et les actualités télévisées peuvent aider à comprendre des enjeux importants – encore faut-il se méfier de la désinformation et de la manipulation des médias, qui pourraient faire l’objet de volumineuses études. Mais si pertinentes soient ces plateformes, leur nature se prête presque exclusivement aux mauvaises nouvelles. Peut-être sommes-nous particulièrement friands de ces actualités navrantes ; peut-être est-ce une affaire d’évolution, de survie de l’espèce. Jadis, le témoignage d’un voisin dont l’enfant venait d’être dévoré par des loups qui rôdaient autour du village avait probablement plus de chances de retenir notre attention et de s’inscrire dans notre mémoire que les indications d’un copain qui nous parlait d’une talle de bleuets sauvages. Évidemment que les mauvaises nouvelles peuvent avoir leur utilité !

Malheureusement, par un étrange glissement sémantique, nos sociétés en mal de repères en arrivent parfois à penser que les journaux reflètent la totalité de l’état du monde. Ils peuvent fournir un instantané louable et nécessaire, mais par définition, une photo est limitée par un cadre physique et temporel. On veut savoir ce qui se passe sur la planète et on ouvre la télévision ; le geste est légitime, et parfois indispensable. Impossible de régler les vrais problèmes lorsqu’on ne sait pas les identifier (on entend par « faux problèmes » ceux qui se règlent d’eux-mêmes, pour ainsi dire, et sans causer de dégâts…). Mais quand nos sources sur « l’état du monde » se limitent à d’incessants recensements de tout ce qui cloche, pouvons-nous vraiment affirmer que notre vision du monde est objective ?

Cette distorsion est encore aggravée par notre intérêt – au demeurant naturel – pour la fiction. L’humain aime raconter des histoires pour s’expliquer le monde. Or, peut-être encore pour des raisons qui relèvent de la survie, ce sont souvent les événements à caractère tragique qui nous marquent le plus. Que le funeste éclipse le banal, cela se comprend. Mais tout se passe comme si notre sensibilité avait été déréglée par des années d’exposition à des récits « optimisés » (comme le serait un pur travail comptable), des recettes dramatiques qui capitalisent sans cesse sur nos réactions les plus reptiliennes, en soulignant trois fois et au crayon rouge chaque occurrence malheureuse. Une bonne histoire, les conteurs le savent depuis Homère et La Poétique d’Aristote, est affaire de tension : devant une volonté freinée, plus extraordinaires et plus nombreux sont les obstacles, plus le dénouement a de chances d’être satisfaisant. Un bonheur durable et serein n’offrirait pas de matière pour composer une histoire captivante : les histoires ne commencent pas par « ils vécurent heureux ». Mais cela n’est qu’une partie de l’affaire et, trop souvent, on manque d’équilibre, et on vend le mélodrame comme le ferait un vendeur de drogue.

Certes, la fantaisie et la détente sont légitimes ; et certes, on peut écrire des histoires violentes et humaines, dépeindre des réalités qui doivent l’être – la violence de L’Iliade ne l’empêche pas d’être l’une des pierres d’assise de la civilisation européenne, et la brutalité des récits de Toni Morrison mérite elle aussi sa place. C’est la recette, l’addiction, le processus purement mécanique qui sont à revoir, car les jouissances artificielles font d’assez mauvaises fondations pour le développement d’un altruisme durable. Il faut donc apporter plus de conscience, plus de présence à notre relation aux drames, en prenant parfois du recul pour les garder en perspective. Par exemple, Le Petit Chaperon rouge envoie aux enfants le message qu’il y a des loups en ce monde ; c’est un message important. Mais que je sache, la morale n’a jamais été que la planète est principalement peuplée de loups.

Cela ne s’arrête même pas là, puisqu’on aime ressasser et resservir les drames. Et ceux qui jacassent ont tout à gagner, car comme l’écrivait Régis Debray dans Du bon usage des catastrophes, « quiconque communique à un public encore mal informé une nouvelle importante devient lui-même quelqu’un d’important ». Or, si notre philosophie est que seuls les malheurs importent vraiment, le cercle vicieux est amorcé et tourne de plus en plus vite. Cela pose encore un problème social très sérieux : à force d’être agressés de toutes parts, nous nous désensibilisons et faisons preuve d’une étonnante inertie quand résonne une véritable sonnette d’alarme, comme pour les questions d’environnement et d’atteinte aux droits humains. C’est un terrifiant remix de l’histoire du garçon qui criait au loup, un cauchemar dont nous ne pouvons sortir qu’en cultivant notre part d’humanité – nos facultés de compréhension, de bienveillance et de courage.

 

 

- VII -

Nous disions qu’un des obstacles à l’optimisme éclairé est la confusion entre optimisme et crédulité, et l’idée que le pessimisme serait plus aligné avec la réalité. Une autre cloison, nous l’avons vu, est notre addiction aux mauvaises nouvelles, ou la tendance que nous avons à leur accorder tout notre espace mental. Penchons-nous maintenant sur un troisième élément qui freine notre épanouissement : le mythe de l’égocentrisme inné. Certaines traditions religieuses imputent aux êtres humains une faute fondamentale : nous serions d’emblée tous coupables et impurs. D’autres philosophies, dont les tenants ont cultivé de tristes habitudes de perception, prétendent qu’il n’y aurait pas d’actes véritablement altruistes. C’est avoir peu voyagé – ou avoir voyagé, mais avec des œillères, de ces voyages dédaigneux qui, très bizarrement, renforcent notre obsession de soi plutôt que de nous aider à la dissoudre. D’aucuns prétendent même qu’un « gène égoïste » serait un facteur clé de notre survie. Contentons-nous de les renvoyer aux travaux de Matthieu Ricard, qui a écrit de très nombreuses pages inspirantes – et rigoureuses sur le plan scientifique – pour déboulonner ces mythes ; il y célèbre notamment nos capacités innées à la bienveillance, et démontre les vertus de la coopération, présentes tout au long de l’histoire des espèces.

Même (surtout ?) en période de profond mal-être, on ne peut nier notre désir d’éviter la souffrance. On a beau tout voir en noir, ne pas entrevoir de solution à court terme, s’estimer au bout du rouleau et être atteint d’un défaitisme bien ancré : à regarder au fond de soi, on trouve un désir de connexion. On peut être asocial et écœuré ; on peut avoir envie d’être seul ; mais on finit par éprouver un désir de connexion à quelque chose si ce n’est à quelqu’un : un besoin d’entrer en amitié avec soi-même, ou de rallier une situation moins douloureuse. C’est donc qu’une part de nous espère. Le bouddhisme nous montre comment nous affranchir de tout dualisme, y compris celui de l’espoir et de la crainte, en parvenant à un éveil qui ne dépend pas de conditions conceptuelles ; et ultimement, le désir de connexion dont nous parlons relève d’une peur fondamentale qui n’a pas lieu d’être ; mais pour l’heure, cet espoir est légitime et humain – et ce souhait peut être entendu, à condition d’être formulé. En tout cas, il y a au fond de nous comme une espérance, qui nous fait pressentir que le défaitisme est contre nature. Heureusement, ce défaitisme est une maladie dont on peut guérir.

Être un optimiste éclairé, c’est vivre en adéquation avec nos valeurs profondes et avec notre aspiration au bonheur. C’est une affaire de cohérence. C’est choisir de voir le potentiel de chacun, tout en reconnaissant la possibilité d’un écart considérable entre potentiel et actuel. C’est admettre qu’il y a des usurpateurs, des malappris, des violents, des déments, et pourtant c’est presque un calcul mathématique : plutôt que de vivre constamment dans la méfiance, on préfère errer du côté de la confiance, en laissant à autrui la possibilité de montrer le meilleur de lui-même. C’est aussi accepter de se faire berner à l’occasion, car tout bien pesé, on saisit quand même plus d’occasions qu’on en échappe, et on génère davantage d’énergie qu’on en perd. De toute façon, ceux qui prétendent n’être jamais dupés se mentent à eux-mêmes.

Cela ne veut pas dire qu’on tolère l’exploitation, qu’on accepte l’inacceptable, ou qu’on éteigne notre précieux détecteur de charlatanisme. Il faut parfois dire « non », être ferme et peut-être même recourir à la force. Il faut savoir évaluer la pertinence des différents outils à notre disposition, les garder en une juste perspective – en continuant de faire preuve d’altruisme, de compréhension et d’impartialité –, et ne pas craindre d’utiliser ces outils quand la situation l’exige : le couteau du cuisinier doit être aiguisé, et a fortiori le scalpel du chirurgien. Celui qui a une peur obsessive des lames se trouverait bien embêté – et maladroit, et inefficace – dans ces situations. Mais le vrai optimisme, contrairement à l’idée reçue, ne prône pas du tout un leadership mou.

 

 

- VIII -

L’optimisme éclairé peut être doux et tranquille, mais il n’est pas oisif ; souvent, il vit dans l’action déterminée, dans l’inventivité caféinée, dans l’enthousiasme renouvelé. Et oui : il porte sa part de revers et de défaites.

La fraction d’un peu vaudra toujours plus que la totalité de rien : même si ce n’est qu’un petit pourcentage des nombreux projets de l’optimiste qui portent fruit, ce sera déjà plus concret et constructif que l’absence totale d’initiative du défaitiste.

Pourtant, l’optimiste doit apprendre à ne pas s’épuiser ; ou pour être plus précis, s’il doit effectivement chercher à épuiser ses illusions, et s’il doit dépasser son obsession du confort, il n’a pas à maltraiter inutilement son corps, son cœur, son système nerveux. Pour trouver l’équilibre, il doit vérifier périodiquement la qualité de son altruisme et l’acuité de son discernement.

Parfois, aussi, il faut rêver : l’utopie d’aujourd’hui, disait Théodore Monod, peut devenir la réalité de demain. L’optimiste éclairé ne réfléchit pas trop, il connaît les méandres de la raison, et il mise parfois sur son intuition ; peut-être aussi aime-t-il prendre des pauses dans les nuages ; mais il finit toujours par reposer les pieds au sol. Sa vue peut être élevée, son action peut être inspirée, mais il n’hésite pas à mettre les mains à la pâte et dans la terre.

 

 

- IX -

 

L’optimiste perd parfois son optimisme ; mais il a confiance en ses capacités à le retrouver.

L’optimiste éclairé ne craint pas non plus de pleurer. Il lui arrive d’être vulnérable, et il n’hésite pas à demander de l’aide. Il sait que la souplesse, la douceur, la fragilité peuvent être des forces ; que la peur peut être une amie, un guide. Il sait qu’en touchant le fond, on peut encore regarder les étoiles – pour peu qu’on veuille ouvrir les yeux et que les nuages se tassent, ce qui finit toujours par arriver – et il sait qu’il faut parfois détruire de vieilles structures pour en construire de plus saines.

L’optimiste éclairé décide délibérément de ne jamais faire de mal. Il lui arrive d’être maladroit, de se tromper, de retomber dans de vieilles habitudes nuisibles. Mais il continue d’essayer. Il sait que l’amour est une source qui nourrit ; que l’amour, pour paraphraser Albert Schweitzer, double chaque fois qu’on le partage. Il sait que les gens qu’on est amené à côtoyer s’épanouissent mieux quand on leur donne la chance d’être eux-mêmes, et quand on cesse de les enfermer dans l’idée qu’on se fait d’eux. Il est assez conscient de sa propre transformation intérieure pour savoir que les gens changent.

 

 

- X -

L’optimiste lucide a confiance en ses capacités à tisser un lien avec autrui. Il trouve toujours le dénominateur commun ; ça l’aide à ouvrir et entretenir le dialogue, à dénouer les conflits, et à entrevoir des solutions en sollicitant les avis des uns et des autres quand cela est nécessaire. En 1962, lorsque nous sommes passés si proches d’une destruction massive et sans précédent, l’un des moments clés de la résolution du conflit a été une communication privée entre les deux présidents : si Kennedy et Khrouchtchev ont pu réussir à dialoguer, c’est qu’ils avaient un point commun et comprenaient qu’en tant que chefs de grandes puissances mondiales, ils faisaient tous deux partie d’un même groupe.

L’optimiste lucide, disions-nous, sait qu’il y a toujours un dénominateur commun. Or, quels sont les plus communs des dénominateurs communs – les dénominateurs universels, en somme ? L’aspiration au bonheur et le désir d’éviter la souffrance. Regardons en nous et autour de nous, observons les êtres vivants – la dame qui obtient son deuxième doctorat à Harvard et l’escargot qui traverse un trottoir humide, le jeune bercé d’illusions qui se drogue et le chien qui hurle à la lune – et voyons que tout un chacun, quel que soit son état de conscience, est poussé par deux envies conjointes : trouver le bonheur et éviter la souffrance. S’en souvenir encore et encore est capital, si l’on veut cultiver un altruisme véritable et impartial.

Nous partageons tous, donc, les deux mêmes aspirations profondes. Il n’en demeure pas moins que d’une personne à l’autre, les différences de perceptions, de connaissances et d’expériences sont innombrables. Mais voir d’abord et avant tout une contrariété dans cette disparité, c’est avoir l’esprit fermé. L’optimiste éclairé sait que la pluralité d’opinions est, la plupart du temps, une richesse précieuse. Souvent, c’est le seul moyen de trouver une solution à un problème d’envergure : de la même façon qu’une cause, même robuste, a besoin des conditions propices pour que son effet se manifeste, les enjeux complexes peuvent rarement se résoudre à l’aide d’une réponse toute faite et sans coopération.

L’optimiste lucide croit donc que ce siècle doit en être un de dialogue – et plus encore, d’action conjointe – et il respecte les autres philosophies et traditions sans pour autant tomber dans un égalitarisme simplet qui ferait abstraction des spécificités des uns et des autres.

L’optimiste respecte même le défaitiste en tant que personne ; il se souvient du dénominateur commun entre tous les êtres humains, tous les êtres vivants. Il se souvient également qu’on peut changer. Pour autant, il ne cherche pas à convertir par la force ou la ruse : il influence de façon honnête, naturelle, avec ses talents propres, mais souvent sans intention particulière, par le simple rayonnement des qualités qu’il incarne, et non par la vente agressive de son dogme.

 

 

- XI -

Oh, mais il faut de la joie ! L’optimiste lucide sait que l’humour peut apaiser, rafraîchir les idées et dégager des perspectives. L’humour peut faire exploser un vieux concept désuet ; et l’intention se dirige mieux quand le corps se détend. Pas trop mou : détendu. Pas vulgaire : enjoué.

L’optimisme, pour être sage, doit aussi s’accompagner d’humilité. L’éclairé sait qu’il ne fait qu’une part, la sienne, et que même celle-ci relève d’innombrables autres personnes. Le défaitiste, lui, manque justement d’humilité parce qu’il croit savoir ; il croit dur comme fer que son avis (« cela ne sert à rien ») est une vérité.

L’optimiste perspicace a appris qu’il lui faut parfois consentir au mystère : il sait qu’il n’a pas toujours les réponses.

 

* * *

Il y a deux façons de vieillir : on s’ouvre ou on se referme. L’optimiste choisit la première.

Trop souvent, on voit les gens vieillir en s’enferrant, en s’enfermant. Quand on passe sa vie sans jamais s’abreuver à des sources de sagesse cristallines et authentiques, les peurs s’accumulent, les concepts se figent, et notre univers tout entier semble se rétrécir ; quand on ne croit pas à la possibilité d’une sagesse immatérielle vraiment ouverte, le cynisme et la souffrance affective semblent aussi inéluctables que la réduction de notre mobilité physique. Autrement dit : il est facile aujourd’hui de vieillir en se fermant (d’aucuns diraient : en devenant grincheux), alors que la maturité vraie est union et allègement. Certes, il arrive que les projets soient ambitieux, et les défis personnels ou sociaux, de taille. Mais même quand les chances de réussite sont minces, la question est : comment vivre dans l’intervalle ? Et, si les tentatives ne fonctionnaient pas, si tout s’arrêtait, quelle disposition d’esprit m’aiderait à y voir autre chose qu’un échec, et à accueillir plus sereinement cette transition ?

L’optimiste éclairé, et quiconque est sur le point de le devenir, se pose également une autre question d’urgence : que voulons-nous transmettre ? Une philosophie de l’apathie, de l’indifférence et de la destruction, ou une force créative ?

À ce propos, voici une autre notion fondamentale que connaît bien l’optimiste lucide : il existe deux sortes de transmissions, la verticale et l’horizontale. L’une est temporelle, l’autre spatiale. En d’autres mots : on ne transmet pas qu’aux enfants, mais aussi, à tous ceux qui nous entourent. Sans arrêt.

 

 

- XII -

 

Quand l’optimiste sagace reçoit un seau d’eau glacée, qu’il entend quelque donnée effarante et qu’il lui semble que l’humanité se peinture (au plomb) dans un coin, il tremble. Puis il se laisse attendrir. Et cela finit toujours par nourrir son désir d’agir.

Longtemps nous avons cru au pouvoir de la majorité. Or, selon une étude récemment résumée dans Scientific American, une poignée de personnes dévouées peuvent changer les conventions sociales ; ce serait, avons-nous envie de dire, la nouvelle loi de la minorité. Le fameux point de bascule, dans certains cas, ne serait qu’à 25 %.

Il y a fort à parier que d’autres études et théories nuanceront cette idée, mais un fait demeure : l’optimiste éclairé sait que la révolution commence par soi.

Alors, continuons.

Ensemble, contribuons à une culture de l’attention, de la clarté et de la bienveillance.

 

Vincent Thibault
Québec
première mouture : mars 2019
présente version : mars 2020

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Vous venez de lire la version gratuite du Manifeste pour un optimisme éclairé de Vincent Thibault. Il existe aussi une version imprimée, fruit d’un rigoureux travail éditorial, qui comporte quelques éléments graphiques enrichissant l’expérience de lecture. C’est un magnifique livre-objet, à offrir et à méditer, publié aux éditions Carrefours azur. L’acheter est une façon d’épauler le travail de l’auteur et d’encourager une jeune entreprise locale.

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